Thursday, April 04, 2024

Traction-brabant 101

La planète brûle. L’eau commence à manquer. Nous souffrons de la chaleur. Le prix des matières premières augmente. Vite, il faut faire quelque chose, apprendre à vivre autrement, moins consommer, retrouver le goût de la simplicité, protéger la nature.

De ce point de vue, la poésie ne semble pas en retard, puisqu’elle parle des saisons depuis des siècles.

De plus, beaucoup de poètes vivent à la campagne, ou du moins, à proximité du vert, même si, sur ce point, je n’ai pas de statistiques valables à vous livrer. J’ignore si elles existent, est-ce que quelqu’un y a pensé ? Donc, pour une fois, les poètes se font éveilleurs de conscience. Ce sont de vrais militants. Ils aiment et ils agissent.

Agir ? J’ai comme un doute, soudain.

Les poètes possèdent des connaissances sur les animaux et les fleurs, tout particulièrement, et aussi les arbres. Ils décrivent à merveille les paysages, les singularisant par le recours à des articles définis afin de nommer ce qu’ils observent : « le », « la »…En somme, ils ont bien révisé leurs cours de sciences naturelles et leur grammaire...

Cependant, ne sont-ils pas plutôt dans la contemplation que dans l’action ?

Avec leurs œuvres, je me balade dans une exposition. Pas bon signe certes, si la faune et la flore ressemblent à un musée…on ne va pas s’amuser, du coup ! D’ailleurs, l’oiseau ou la fleur ont déjà perdu pas mal de leurs congénères. Ils se retrouvent bien seuls, tel le poète. Et ils ne bougent guère, le poète comme l’oiseau. Misère de misère !...

Elles sont loin les belles histoires d’animaux de Pergaud, où l’on voyait les animaux tracer leur chemin à travers les buissons. L’affut de la chasse, pas trop leur truc, aux poètes. La nature, d’accord, mais à distance respectable.

Déjà, pour aimer de près le végétal et l’animal, il faudrait kiffer le pourrissement et comme dans le tambour d’une machine à laver, ce cycle sale des saisons : trop chaud trop froid, très pluie ou très sec. Pour le poète, hélas, seul le printemps compte…

Du coup, peu de monde écrit de l’intérieur la poésie de l’extérieur : sombre, épaisse, profonde, dense et menaçante parfois.

Je l’affirme juste pour que vous me dénichiez de pas trop jolis contre-exemples.  

P.M.

Numéro 107 de "Traction-brabant"

 

Le numéro 107 de "Traction-brabant" est vendu au prix de 3 €. Alors, ne vous privez pas. Des exemplaires des anciens numéros sont également disponibles sur demande.

Pour plus de précisions, contact association le Citron Gare : p.maltaverne@orange.fr

Ce numéro 107 est également disponible sur Hello Asso : 

Présentation

"TRACTION-BRABANT" (alias T-B pour les intimes) est un fanzine d'écriture, de poésie et autres textes courts, créé en janvier 2004 par Patrice MALTAVERNE (conception, écriture, choix et mise en page des textes) et Patrice VIGUES (illustrations).

"TRACTION-BRABANT" existe aussi et surtout sous sa version papier à une cent soixante-dizaine d'exemplaires par numéro. Le poézine est à parution aléatoire, quoique... si tous les deux trois mois, les combattants sont en forme, un nouveau numéro sort de leur tanière.

"TRACTION-BRABANT", aujourd'hui publié par l'association Le Citron Gare, ne demande aucune subvention, le poézine a juste pour but de faire circuler à son modeste niveau une poésie pas trop classique ni trop molle surtout, ainsi que de véhiculer certaines pistes de réflexion, sans pour autant qu'il ne soit tranché dans le vif.

Plus précisément, à l'origine, TRACTION-BRABANT est la contraction de traction avant, l'auto et de brabant double, la charrue à double soc. Cela montre avant tout notre nostalgie pour ces vieux objets mécaniques ainsi que notre méfiance par rapport à un progrès non mesuré...

Les auteurs (poètes, illustrateurs) présents dans "TRACTION-BRABANT" sont plus de cinq cents, d'après les dernières stats.

Ce blog a pour but de reproduire des extraits du zine sous sa version papier et de faire connaître davantage ce que nous faisons....

"TRACTION-BRABANT" s'efforce d'encourager ses participants à des échanges de textes et d'idées et pourquoi pas à de possibles rencontres.

S'il vous plait, n'envoyez jamais plus de 10 pages format A4 (en un seul fichier et format Open office ou Word, de préférence) si vous contactez le poézine. 

À l'inverse, jusqu'à preuve du contraire, et contrairement à la majorité des revues de poésie d'aujourd'hui, aucune thématique n'est imposée dans "TRACTION-BRABANT". C'est la liberté chère au poète (du moins, je le crois) qui prime, et puis aussi, cette certitude que le poète peut trouver lui-même de quoi il a envie de parler quand il écrit…

P.M.

Contact pour l'association Le Citron Gare : p.maltaverne@orange.fr

Le poem's truck de T-B n'a pas fait fortune

 


Et pourtant c'était un fourgon Citron...

De Marine Giangregorio (extrait de T-B 87)

L’homme cerf-volant

Le regard porté par un fil
Au bout duquel dansaient
Ici et là,
Les couleurs d’une liberté
Avortée de l’aube
De rêves taillés dans
Les veines de l’enfance
À le voir, avancer le pas
Chaloupé, la bouche
Engloutissant le ciel
Habité, d’une
Étrange fougue
Bousculant les passants
Car le vent, le vent
Tournait vite
On se demandait, qui
De l’homme ou du cerf-volant
Tenait l’autre
Vivant

"Jacques Louvain" de Dominique Boudou

En voilà un bon vieux blogspot bien complet : il s'intitule de façon marrante "Jacques Louvain", mais c'est le blog de Dominique Boudou. Allez savoir qui des deux est le vrai ! Les deux peut-être, sans doute.

En tout cas, il s'agit d'une publication presque aussi ancienne que celle de "Traction-brabant".

Ce que j'ai surtout remarqué dans "Jacques Louvain", c'est cet appétit d'écrire tous azimuts. On trouve des poèmes, des proses poétiques ou des nouvelles, ou un roman (au moins), regroupés par cycles, par épisodes. 

Et puis également pas mal d'écritures sur des lectures. L'auteur de ce blog est quelqu'un qui lit beaucoup et c'est pour moi une bonne chose. Dominique Boudou en profite d'ailleurs pour rédiger quelques remarques sur la littérature en général, pertinentes.
Il y a même un article qui énumère les études suivies par des auteurs souvent inconnus (pas mal d'autodidactes parmi eux) ! Intéressant.
Bref, on ne s'ennuie pas avec "Jacques Louvain". Il y a là un véritable bouillonnement intellectuel !...C'est ici.


Les deux Patroches c'est les deux artoschtes de Patrice VIGUES

Malta compil 2006 : "Elle sort sur le bord de la route..." (avec lecteur mp3)

Voici un poème extrait de "Samson des bidonvilles" daté de 2006 et publié en 2007 dans les suppléments de l'ex-revue "La vie secrète des mots" de Pascal Lenoir :

"elle sort sur le bord de la route
avec un corsage qui n'est pas sage
sombres sont tous les présages
comme une aiguille de compteur
qui s'incline vers a panne d'essence
la fuite absolue
dans ce balayage que le vent donne
à ces feuilles sacs et papiers gras
elle est l'étoile de ce bord de route embouti
par des fumées suspendues à une enseigne
déréglée électriquement
elle tend le visage d'une fouine
ce n'est plus le même
un comble le sien a changé
à force d'être aux carrefours
et lui s'essuie les pieds pour un surplace
qui dure le temps d'une halte
au cimetière englouti
derrière sa barre de béton
pourtant la place était dégagée
la fille souriait comme une bête"

Techno, la musique (eh oui ! Faut ben qui yen est qui l'aiment) s'intitule "Gideo" de Djad via Dogmazic, site de musique sous licence libre, https://www.dogmazic.net/

De Thierry Radière (extrait de T-B 45)

VIVRE C’EST TROUVER LES MOTS

on dit que tout ça c’est de la poésie
parce qu’on sait pas comment nommer
ces enchaînements d’images
comme des œufs de grenouilles flottant en avril
sur l’étang suivis de têtards au mois de mai

on raconte dans le brouillard des histoires
qui n’en sont pas pour l’unique plaisir
d’y voir plus clair sans trop d’espoir
et on continue appliqués à porter des armures
des lunettes des casques des boucliers

la crainte est un sentiment exagéré la nuit
elle prend dans les rêves des bouts de jupe
des pans de nappes et s’amuse à étouffer
la respiration des pensées le souffle des girafes
si bien qu’on croit mourir avant chaque réveil

"Houel 341", image d'Alain Minighetti

De Patrick Aveline (extrait de T-B 30-31)

Gardien de phare
Hé ho ! le gardien de phare
Héroïque éplucheur de marées
Armé de l’économe
Affûté aux brisants de tes paupières
Hé ho ! le gardien de phare
Le sismologue des solitudes évasées
Ton oscillographe est aussi plat
Qu’un jusant sans algues
Et ton électrocardiogramme jalouse
Les Oural illégitimes et syncopés de ma grand-mère
Oh ! L’amiral de tes sommeils épuisés
Le pédagogue de l’asile gradué au micron des soupirs
Je t’observe
As-tu vu l’écorchure
A la paume de ta main gauche
Déroger aux bonnes manières
Rien, tu n’as rien vu des plaies des montagnes
De la colère de leur gabardine violette
Consacré à l’écueil
Tu t’obstines à la solitude
Cent lumières tournent autour de toi
Tu t’obstines à la solitude
Le Monde grouille d’anguilles
Mais toi, le sang de ta main
Sature la rétine des imagos tropiques
Baigne d’eau rouge l’estran de tes rêves paradoxaux
Sans qu’une seule hyperbate jamais
Ne traverse ton oreille interne
Ou ne serait-ce que le névraxe des littératures
As-tu senti ô gardien
Les gréements de ta glotte
Grincer du silence de ses œillères
Cliqueter au mât de tes adrénalines
Sourd, sourd aux symphonies des avalanches
Leurs symposiums immaculés
Réduit au front scrutateur
Tu sillonnes tes labours d’écume
Avec cet œil de cheval doux
Le port a beau fourmiller de ferry-boats
Et l’église de ses déambulations ferventes
Toi, la corde et le nœud de ta voix
Affolent la corolle infundibuliforme du liseron
Porte-voix des cris qui rampent sous ta peau
Mégaphone d’un orémus sanglotant
Où tu sprintes un moon walking d’anthologie
Rejoindre ton trône sauf
Là se situe la gageure, le lœss fertile
A la croisée d’un transept aussi circulaire
Que ton horizon bienveillant
Aussi digne que les bateaux cherchant ta lumière
Tu veilles ô gardien
Impassible, tu veilles à l’écueil à l’écume
Tu veilles aux transits submersibles
Des fragiles esquifs de mon souffle

23 décembre 2008

Image de Jean-Marc Couvé

De Dorothée Coll (extrait de T-B 94)

Migraine
 
Sur chaque œil une cuillère
Qui vient contrarier
Le globe oculaire.
 
Les tempes sont forées
Par des vis d’acier.
 
Tant de couteaux remontent
Le long de l’os du nez.
 
La tête dans un étau
Le front semble broyé,
Les pommettes défoncées,
La mâchoire tendue
Jusque dans les oreilles.
 
Les dents s’amusent
Avec leurs nerfs.
Impossible de parler.

Image de Pierre Vella et en son hommage

"L'ANCRe NOMaDe", de Jean-Marc Feldman

Je vous présente le blog de Jean-Marc Feldman, qui s'intitule "L'ancre nomade".

Il s'agit, de toute évidence, d'une publication très riche, reflet d'une vie elle-même très riche, dans laquelle alternent images (photographies le plus souvent) et poèmes tout à la fois lyriques et préoccupés par ce qui se passe à l'extérieur. Bref, une "ancre nomade" !...

On y trouve quelques vidéos.

Bref, un blog comme aujourd'hui, en 2024, on n'en trouve plus souvent...

Pour aller y voir, c'est ici.

Incipits finissants (97)

 

Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas dit ça. Lorsque je suis retourné dans mon pays d’origine pour y donner une lecture, et que presqu’aucun autochtone n’est venu y assister, à un moment, j’ai pensé : me voilà repassé trop tard par la case bercail. Après tout, ce petit jeu proposé par la nostalgie est toujours tentant. Cela m’a rappelé d’autres regrets furtifs, lorsque je n’avais pas su saisir au bon moment l’intérêt qu’une fille pouvait me porter, ou lorsque je regrettais, en y réfléchissant, une décision prise dans ma vie professionnelle (nouvelle orientation, mutation).

Entre les occasions manquées ou les décisions irréversibles, il était réconfortant, a posteriori, et contre toute apparence, de me dire que c’était trop tard, le malaise étant dès lors plus facile à identifier.

Dans l’hypothèse inverse : si j’étais arrivé avant, à quel résultat aurais-je abouti ? Ce dernier n’aurait-il pas été  un peu le même ?

Et je me vois déjà, comme saisi par mon propre miroir, regretter d’être revenu trop tôt, comme un idiot, me reprochant de m’être fait des illusions trop vite.

Tandis que là, j’ai mis du temps à les nourrir, ces illusions. C’est moins bête.

Et de toute façon, trop tôt, ça le reste quand même. Soit parce que toutes les conditions n’étaient pas réunies pour que ça fonctionne, soit parce que je n’aurais pas été davantage prêt, encore pris dans les limbes de mes passions.

Comme si cela m’obligeait à remonter avant ma propre vie…

Alors, trop tard ou trop tôt ? Faudrait savoir, mon gars ! Tu serais pas des fois un peu compliqué dans ta tête, tu ne te situerais pas complètement à côté de la plaque ?

Tu ne crois pas plutôt que le problème est ailleurs ? Ailleurs, c’est le cas de le dire… Non seulement, il est trop tard et trop tôt, mais en plus, et le vrai hic, c’est que tu n’es pas au bon endroit pour faire ce que tu rêves de faire. Il n’y a pas que le temps qui déconne, il y a surtout l’espace.

Ce qui s’appelle avoir faux sur toutes les lignes.

Finalement, arrête-toi de rêver. Il aurait fallu que tu aies une vie différente depuis le départ. Biffe moi tout ça et attaque autre chose…comme ce n’est pas possible, reprends le chantier là où il en est resté. Il sera toujours trop tôt quand c’est déjà trop tard. L’important, c’est ce que tu n’as pas encore expérimenté, envers et contre tout, un scénario qui ne peut être écrit par avance.

Les choses, une fois périmées, peuvent tout simplement commencer à exister.

P.M.

Monday, April 01, 2024

"POéSie, VeRs et pRoSe - Poésie. Cherche l'épure" de Laurence Fritsch

Dans le blog de Laurence Fritsch, venez retrouver, entre autres, ses nano-poésies, des poèmes très courts, non seulement en ce qui concerne leur longueur totale, mais également coupés à l'intérieur de chacun de leurs vers. 

Ces poèmes traduisent ainsi la virtualité galopante de notre monde moderne et en même temps, contribuant à remplir le mot d'ordre de cette publication : "Cherche l'épure".

C'est ici, l'autre dimension.


Friday, March 29, 2024

Appel à textes pour les 20 ans de "Traction-brabant"


Vous trouvez pas que ce radar ultra moderne se sent un peu seul ?

Pour fêter les 20 ans de "Traction-brabant", qui vient de dépasser les 100 numéros avec sa vieille guimbarde de carrosserie, vous êtes invité(e)s à écrire sur : "Et les radars alors ?". 

En effet, comme vous le savez (ou pas), T-B a le même âge que ces gracieuses boites qui fleurissent nos jolies routes.

Envoyez donc vos contributions (poèmes en vers ou en prose) à p.maltaverne@orange.fr qui vous flashera à l'arrivée, avant le 31 mars 2024. 

Pas de limite de caractères, mais une limite de longueur : une seule page de format A5.

Les poèmes retenus seront publiés dans le poézine papier, prévu pour le printemps prochain.

Au plaisir de vous lire !

Saturday, March 23, 2024

De Dennis Crowch (extrait de T-B 94)

 
De l’irréalité en rasade

Toujours plus d’échappées par la tangente narrative de substitution. Cas critique de littérature de fuite, un penchant compulsif pour la réponse imaginaire, le délire plutôt que la médiocrité du dialogue avorté à répétition. Une nouvelle rasade, et encore une tiens. Une addiction aux épanchements coupables de la langue. De mystérieux courants d’électricité mentale. Des bouffées de sentiments incongrus. Éclatement de pensées parasites dans une cacophonie mentale. Les refuges de l’irréalité se dissipent trop souvent. Les lettres des mots se désolidarisent.
 

Wednesday, March 20, 2024

Les blogs de Jean-Claude Goiri

Je vous présente le blog de Jean-Claude Goiri qui retourne aux fondamentaux, puisque son blog s'intitule "Comment c'est un blog".

Derrière ce titre se trouve déjà résumée la caractéristique principale, à mon sens, de l'écriture de l'auteur.

Ce décalage par rapport à la réalité qui produit de l'humour. Ce non-sens léger qui nourrit l'écriture de liberté.

De cette façon, on peut réinventer le monde en entier, comme le fait Jean-Claude Goiri avec sa maison, qu'il a construite de bas en haut, pierres y compris. C'est vrai que l'on est jamais servi que par soi-même souvent !

Pour ouvrir la porte ou rentrer par la fenêtre si ça ne veut pas ouvrir, c'est ici.

Depuis, Jean-Claude Goiri a créé un second blog, qui porte son nom, et dans lequel on retrouve l'ambiance de son écriture et qui propose dans son bandeau liminaire un électrocardiogramme pas tellement régulier, qui est à opposer à des fondations (plus solides) proposées dans la rubrique du même nom : Saint-Exupéry, par exemple.

Traction-brabant 101

La planète brûle. L’eau commence à manquer. Nous souffrons de la chaleur. Le prix des matières premières augmente. Vite, il faut faire quelq...